« Nullum crimen, nulla poena sine lege »

On reconnaît le droit à son langage sophistiqué, ne facilitant pas toujours la compréhension. Aussi, les expressions latines utilisées pour formuler ses principes les plus saillants viennent rajouter un  poids à sa lourdeur. Et pourtant, le droit lui-même nous impose une règle à laquelle on ne peut déroger et qui suppose que « nul n’est censé ignorer la loi ». Et même si le cœur est à comprendre, cela n’est pas toujours facile. Pour commencer, essayons d’en savoir d’avantage sur une règle fondamentale du droit pénal. Il s’agit de l’adage latin « Nullum crimen, nulla poena sine lege ». Pour traduire de la manière la plus simple, cela signifie qu’il n’y a ni crime, ni sanction sans loi. En clair, le droit pénal n’est légitime que s’il a sa  source dans la loi. Il s’agira ici de savoir ce que cet adage signifie et implique.

Il n’y a ni peine ni crime sans loi

Certains penseurs le conçoivent comme étant le principe de la légalité criminelle. Cela suppose qu’il n’y a pas de peine sans crime et de ce fait, il n’y a pas non plus de peine sans loi. Il s’agit à priori d’un vide juridique sur une infraction qui n’avait alors jamais été commise et, de ce fait, n’a pas été répertoriée par la loi. En ce sens, le code pénal français, à son article 111-3,  prévoit que « seuls les actes expressément incriminés par un texte sont des infractions». Cette règle étant absolue et générale, aucune exception ne peut être faite, quelle que soit la gravité de l’agissement. Notons, par ailleurs, que ce principe constitue un rempart contre l’arbitraire du pouvoir judiciaire. Ayant pris conscience des risques d’abus de pouvoir, Montesquieux avait mis en garde, dans « L’esprit des Lois », affirmant que « Les juges de la Nation ne sont pas la bouche qui prononce les paroles de la Loi. »

L’interprétation stricte et la non-rétroactivité de la loi

Le principe de l’interprétation stricte peut être vu comme un élément destiné à défendre la légalité criminelle, au même titre que la non-rétroactivité de la Loi. Le premier suppose en effet que, le juge dans l’exercice de ses fonctions, doit agir en prenant en compte « toute la loi pénale et seulement la loi pénale ». Ainsi, le juge est lié à la lettre du texte se rapportant à l’infraction qu’il est amené à juger. L’application de la loi dans le temps, quant à elle suppose, selon l’article 8 du code pénal, que « Nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit ». Ce principe de la non-rétroactivité de la loi, mise en place par la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen constitue l’une des exigences fondamentales des systèmes judiciaires modernes.  Notez toutefois qu’à ce principe on reconnaît l’exception de la rétroactivité in mitius qui implique la nécessité de l’application rétroactive des lois plus douces. En clair, ces dernières s’appliquent immédiatement aux infractions non jugées définitivement.

Malgré toutes les difficultés, presque mystifiantes qui entourent le droit, il est impératif de connaître la loi. Cela n’est pourtant pas évident pour tous. Dans le cas de l’adage ci-abordé, complexe et ambigu, il fait jusqu’à ce jour l’objet d’avis mitigés. Est-il réellement un garde-fou à qui veut abuser de son autorité ou, au contraire, n’est-il pas en soi une incitation au crime ? Prenons à ce titre, l’idée selon laquelle, le lien très étroit liant le droit pénal à la politique, peut s’avérer être une arme dangereuse entre les mains de « personnes mal intentionnées ». Mais pour l’heure, là n’est pas notre intérêt.